Habiter des cabanes

Jumièges, janvier 2024

C’était ma première cabane avec ruine d’abbaye majestueuse, gargouilles déchues dans le jardin et choucas dans les tours. Ma première cabane d’écrivain aussi, je veux dire fréquentée par des écrivains. Et le livre d’or le confirme, dans une cabane d’écrivain c’est toujours la cabane qui gagne à la fin. On kiffe autant l’isolement et le retour à la vie simple que l’écriture. On finit par se dire que notre vie c’est ça : habiter des cabanes.

Un immense merci à Stéphane des Baraques Walden



Arno

Écrire un roman c’est un cheminement. On a besoin d’amis. Non, pas des amis. Des génies comme lui, des éclaireurs dans la nuit. 

Publier un roman c’est un drôle de moment, un arrachage de dents. On a besoin de souffler. Non, pas souffler. Se relancer. 

Marquer le coup. Sur le territoire des loups. 

Marcher des heures dans la lande jusqu’à une cabane allemande. Rendre visite à Arno Schmidt et poser mon livre sur sa tombe. 

Arpenter son bureau, son grenier d’écrivain, ses chemins de promenade, saluer ses vaches en demi-deuil, ses boites de fiches, son portail. 

Évidemment quand je suis arrivé devant le caillou gris je me suis senti tout petit. J’ai juste dit merci et je suis reparti.


Cellule 27

Fin mai j’ai installé mon bureau au Couvent des Clarisses à Roubaix pour une durée indéterminée 🗝

Un écrivain dans un monastère c’est surfait. Aucun intérêt. Il dit qu’il est là pour bosser. Il oublie de s’alimenter. Le premier jour il a affiché le plan de son roman en cours et commencé un nouveau carnet. À un moment il s’est levé, s’est mis à tourner dans sa cellule comme une nonne enragée, marmonnant des trucs qu’on ne lira pas avant des années. Prétextant une envie de pisser, le photographe s’est échappé.

À suivre… merci Saisons Zéro pour l’accueil !

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